Georges Auric

Disque de Georges Auric figurant dans la collection :



Contient la BO de la "Grande vadrouille" avec un extrait de la "Damnation de Faust" d'Hector Berlioz.

J'ai découvert ce soir cette partition peu connue d'Auric (il s'agit sans doute de son dernier travail pour le cinéma) pour ce mélodrame de Terence Young d'après le célèbre roman "L'arbre de Noël" (1967) de Michel Bataille. La musique très symphonique et "années 40" (avec une inclusion régulière du fameux thème de "Jeux interdits" réorchestré ici pour violons un peu larmoyants ou bien pour harpe solo) peut paraître un peu anachronique pour ce film de la fin des années 60 mais elle est très efficace avec quelques passages très dynamiques lors de chevauchées ou de courses en forêt.

Extraits à découvrir ici :
https://www.youtube.com/watch?v=kj0SA5TFHls

C'est une évidence: la partition de LA GRANDE VADROUILLE n'appartient pas aux oeuvres majeures d'Auric (dont beaucoup de musiques de cinéma demeurent - malheureusement - inédites).

A recommander, deux remarquables réenregistrements:

- LA BELLE ET LA BÊTE (Naxos),

- FILM MUSIC OF GEORGES AURIC (Chandos).

Très cordialement



JFH

Il existe aussi une version ré-enregistrée de "Moulin rouge" par Michel Legrand qui est tout à fait délectable ! sinon je m'étonne que Taboulez n'ait pas encore sauté sur l'occasion pour parler de la "Belle et la bête" (à ne pas confondre avec l'opéra assez kitsch de Philip Glass )

Le thème principal de MOULIN ROUGE a été réenregistré très fréquemment (notamment par Mantovani, par Ron Goodwin...): je dois posséder une bonne quinzaine de versions différentes!

Le ré-arrangement de Legrand porte sa "griffe".

La suite réenregistrée pour la firme anglaise Chandos est la plus complète.

Bàv,

JFH

kfigaro a écrit:

Il existe aussi une version ré-enregistrée de "Moulin rouge" par Michel Legrand qui est tout à fait délectable ! sinon je m'étonne que Taboulez n'ait pas encore sauté sur l'occasion pour parler de la "Belle et la bête" (à ne pas confondre avec l'opéra assez kitsch de Philip Glass )

J'arrive très très en retard (ces dernières semaines j'avais quelque peu laché internet) !

Sur Auric, je n'aurais finalement que très peu de choses à dire puisque je suis complètement conquis par à peu près tout ce que j'ai entendu !
Chez lui on a quasi-systématiquement droit à une très belle écriture, bien française et très très soignée, ainsi que des orchestrations absolument sublissimes: du pur velours pour les oreilles .
Que ce soit pour ses travaux français ("Orphée", "Ruy Blas", "Thomas l'Imposteur", dans lequel il fait parfois appel aux ondes martenot pour un résultat envoûtant, "Du Rififi chez les Hommes", "La Symphonie Pastorale", "Les Parents Terribles",...) ou dans ses travaux américains ("Caesar and Cleopatra", "Dead of Night", "It Always Rains on Sunday", "The Titfield Thunderbolt",...), c'est dingue une telle constance dans l'excellence !
Certains trouveront peut être son écriture quelques fois un peu "guindée", chez moi, ce n'est que pure classe et délicatesse .

Et son talent trouve en effet son accomplissement dans ce chef d'oeuvre absolu de la BO que demeure "La Belle et la Bête" : c'est simple, on se croirait parfois dans "Ma Mère l'Oye" de Ravel .

JFHouben a écrit:

Le thème principal de MOULIN ROUGE ...

Le ré-arrangement de Legrand porte sa "griffe".

Tout à fait ! Dans l'album "I Love Paris" (très bon au demeurant) .

J'ai écouté justement pas mal de choses récemment et tu as raison, c'est généralement très délicat (même si le langage reste traditionnel)

Une compilation de Georges Auric sortie chez Naxos / Marco Polo en 1998 :

Notre Dame de Paris (version de 1956 avec Gina Lollobrigida) / Lola Montez (1955) / Farandole (1944).

(enregistré au Mosfilm studio à Moscou)

Pour l'opéra de Glass, que je préfère à la musique d'Auric, je ne vois vraiment pas où se trouve le kitch (après on aime ou pas le style du compositeur -j'ai toujours été très client). Néanmoins, les deux versions sont vraiment difficilement comparables car ça donne un film totalement différent (et complètement fascinant). Je me fais souvent cette version en DVD.

D'ailleurs il faut absolument écouter la musique de Glass en synchronisme avec le film. Le résultat est absolument génial. (Je crois que l'on peut voir ça sur l'édition dvd édité chez Criterion). Et c'est vrai que la musique est quand même absolument incomparable avec celle d'Auric, qui est d'un tout autre registre. En fait ce qui peut paraître kitch c'est la diction des chanteurs qui est assez proche du "parlé chanté"; un style lyrique assez particulier que l'on retrouve parfois chez Darius Milhaud. Au début c'est vrai que ça surprend un peu.

jm a écrit:

Et c'est vrai que la musique est quand même absolument incomparable avec celle d'Auric, qui est d'un tout autre registre.

En effet ! La partition d'Auric est infiniment supérieure à celle de Glass . La musique originale du compositeur français est bien plus complexe et infiniment mieux orchestrée (du pur velours !) que le travail simpliste et orchestré comme les pieds par l'ami Glass (son orchestre sonne presque comme du bontempi, ce qui est un peu la honte tout de même...) .
J'avoue que je vois tellement de différence qualitative entre les deux musiques que ça m'ennuie un peu qu'il arrive à certaines personnes de découvrir en premier ce chef d'oeuvre du cinéma "mutilé" de la sorte ...

Taboulez a écrit:

La musique originale du compositeur français est bien plus complexe et infiniment mieux orchestrée (du pur velours !) que le travail simpliste et orchestré comme les pieds par l'ami Glass (son orchestre sonne presque comme du bontempi, ce qui est un peu la honte tout de même...) .

Glass de toute façon ne s'intéresse pas vraiment à l'orchestration, il est plus proche de l'esprit de la musique répétitive électronique des minimalistes américains; un courant musical de la fin des années 60, qui rejettait de façon provocante, l'héritage de la musique classique européenne. Le fait que l'écriture soit simpliste est donc un effet recherché. On ne peut pas le comparer avec Auric qui fait une musique dans un langage totalement différent; plus ouvertement symphonique et qui s'inscrit dans le courant esthétique du groupe des six des années 30-40.
Il faut plus voir l'œuvre de Glass comme une réinterprétation originale du film de Cocteau. Mais je comprends qu'on puisse détester. Glass a de toute façon toujours eu le don de diviser les opinions. Moi en tout cas, j'adore.

Je trouve la musique de Glass plus passionnante que celle d'Auric qui a quand même pris un bon coup de vieux (contrairement à celles de Jaubert ou Kosma pour le comparer avec ses contemporains). Mais bon, l'égout et les couleurs comme disait Coluche...

PS : Oui, la piste musicale avec Glass est sur le DVD Critérion. Il est all zone.

odelay a écrit:

celle d'Auric qui a quand même pris un bon coup de vieux...

Ha ? Ben moi j'aurais tendance à dire que cette sorte de perfection instrumentale rend cette musique bien plus intemporelle que les orchestrations un peu cheap de chez Glass .
Quant au langage, là où la musique d'Auric convoque la période fin XIXème/début XXème, celui de Glass remonte 300 ans en arrière, à l'époque de la sur-consonance baroque... Un langage bien plus vieux là aussi du coup ...
J'aurais donc tendance à en tirer la conclusion inverse .

Taboulez a écrit:

Quant au langage, là où la musique d'Auric convoque la période fin XIXème/début XXème, celui de Glass remonte 300 ans en arrière, à l'époque de la sur-consonance baroque... Un langage bien plus vieux là aussi du coup ...

Oui mais il ne faut pas juger uniquement la composition de Glass sur sa forme musicale. Comme chez Robert Ashley, elle est d'ailleurs très étroitement liée à l'image. C'est ce qui en fait sa modernité. Et chez Glass, ce qui est intéressant c'est la relation qui s'établit entre l'image et la musique. C'est très fusionnel. Je crois qu'il faut être sensible à cet aspect pour apprécier. En fait dans l'opéra de Glass, il s'agit davantage d'un théâtre d'expérimentation audio-visuel où l'image est aussi importante que le son. Si on n'en retient que la musique, on passe complètement à côté du concept.

Et je suis assez d'accord avec odelay même si sur la musique d'Auric, certains passages sont magnifiques (lorsque Belle pénètre pour la première fois au château), il y a des tournures orchestrales qui ont pris un sacré coup de vieux.

jm a écrit:

Et chez Glass, ce qui est intéressant c'est la relation qui s'établit entre l'image et la musique... Si on n'en retient que la musique, on passe complètement à côté du concept.

Sans doute ! Cependant, il est tout à fait possible de concilier les deux et de créer une musique qui se suffise à elle-même au sein d'un processus expérimental plus global (audio-visuel ou théâtral ou autre...) . En tous cas c'est la vision de la musique pour l'image à laquelle j'adhère .

Dans cet opéra, et comme pour beaucoup de ses musiques de films, les compositions de Glass peuvent très bien se suffirent à elle même mais là évidemment c'est une question de goût et comme je l'ai dit, Glass a toujours divisé les opinions de façon radicale. Il y a ceux qui adorent et ceux qui détestent farouchement sa musique ! Donc je comprends parfaitement que tu ne puisse pas accrocher. C'est un peu le même débat qu'il y a avec la peinture minimaliste. Certains sont fascinés alors que d'autres trouvent ça nullisime.

Je rappelle que c'est un topic sur Auric, pas sur Glass... sinon je diviserais le topic.

Tout compte fait, mieux vaut créer un topic sur Glass. C'est vrai que ça a pas mal dérivé.

Quelques fragments de la partition de "Lola Montes" à visionner ici :



Plus d'infos ici :
http://lolamontes.cinematheque.fr/son_stereophonique.html

La classe !
Lola Montès est justement l'un des films majeurs d'Ophüls que je n'ai pas encore vu, et qui fait partie de mes priorités (un de ses seuls films en couleur, voir le seul je crois) !

Idem de mon côté, je n'ai jamais réussi à trouver ce film et moi aussi j'adore Ophüls !

Je l'ai en VHS, ça avait été un choc quand je l'avais découvert.
Vivement une édition DVD!

Hep, je viens tout juste de m'apercevoir de ça:

Ça sort dans peu de temps et regroupe sur 4 CD un certain nombre de titres issus de l'âge d'or dont notamment le fameux Mystère Picasso (parfaitement inédit à ma connaissance) de tonton Georges, dans une vraie longue sélection de morceaux:

Le Mystère Picasso (1956)
06 Ouverture 3:10
07 Matisse 5:00
08 La femme endormie 1:50
09 Taureau dans l'arène 3:33
10 Le matador 7:15
11 Le cirque 3:33
12 Femme lisant 3:10
13 Sur la plage 6:16

C'est la fête !
L'une de ses meilleures partoches !

Sinon je viens de voir que le dernier des 4 CD recoupe un enregistrement qui existait déjà sur je ne sais quel support (Clochemerle, Les Visiteurs du Soir et Si Versailles m'était conté)
En revanche, la partie dédiée à Georges Van Parys fait un petit peu doublon avec la récente rétrospective que lui consacrait Lerouge.

Le listing complet est ici :
http://www.disquescinemusique.com/FRENCH/DCM_123-126_F.html

excellente initiative de l'ami Clément Fontaine ! je compte acheter ça quand ça sortira...